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Qui j’aurai été

Etre là où les choses se passent chaque fois qu'il est question d'autisme, avec les autistes, chaque fois que faire se peut...

Conforter les traits connus, Bousculer les idées reçues….

Commander le livre de Joffrey au prix de 15 euros – « Interview » de l’Auteur – Extraits et Sommaire (nouveau)

Promotion 2011 : 30% pour l’achat du DVD et du livre « Qui j’aurai été » soit 21 euros les deux (cliquez ici)

Format A5 – 160 pages (Déjà plus de 1500 ouvrages vendus, la plupart par internet)

Envoyer un message à Joffrey

Cela aura pris trois ans à Joffrey pour se laisser convaincre que ce qu’un autiste exprime, écrit peut présenter de l’intérêt pour les « autres », les neurotypiques…

Sorte de thérapie par écrit ou de journal intime, ce livre est la restitution fidèle de la production de Joffrey ; lequel a écrit son texte de façon manuscrite : 750 pages écrites en 4 mois à raison de 3 à 4 heures par jour, avec au bout du compte un cal sur l’index qui disparut deux ans plus tard. Joffrey a constitué une chemise par chapitre qu’il complétait au fur et à mesure de ses besoins journaliers.

Sa maman l’a saisi, en y ajoutant la ponctuation et corrigeant l’orthographe.

Un certain nombre d’autistes ont écrit ; une grande majorité est d’origine anglo-saxonne. Joffrey restera pour l’histoire de l’autisme en France, le premier à être publié.

La contribution d’Autisme Alsace aura été de l’encourager avec insistance, lui donner confiance, de rendre la chose possible en collectant les fonds nécessaires à sa réalisation.

Joffrey présente son livre au Congrès d’Autisme France – Nov 2002

 

L’ouvrage vient conforter certains traits connus de l’autisme au niveau de l’expression, mais aussi du filtre de perception de la réalité propre aux personnes avec autisme. Il vient aussi bousculer les idées reçues et entretenues par certains professionnels, en ce qu’il laisse apparaître une vie émotive, affective, mais aussi intellectuelle non sans intérêt, quoique spécifique à certains égards.

La contribution de Joffrey en acceptant d’être publié, malgré ses  » secrets  » aura été en aidant à une meilleure compréhension de son monde intérieur, de faciliter l’intégration de ses semblables ; mais aussi et surtout de développer la tolérance et l’ouverture d’esprit de ses lecteurs.

 

En direct avec l’auteur :

Pourquoi j’ai écrit ce livre sur ce que j’ai vécu …

Il y a trois ans et cinq mois, en 1998, pour l’année de mes 18 ans, au 20ème siècle et second millénaire j’ai eu l’idée d’écrire un livre qui parle de mon enfance et de mon adolescence.

En écrivant ce livre j’ai commencé une grosse thérapie par l’écrit avec surtout le 4ème chapitre : souffrances et problèmes. Ma grosse thérapie écrite a commencé le 1er janvier 1998 par la création d’une série de journaux apocalyptiques pour faire la fin du monde à mes « jeumobiles »(1) car, comme l’explique mon livre, j’étais dans un autre monde, celui des  » jeumobiles  » et d’être dans ce monde imaginaire me rendait nerveux, me faisait crier et parler tout seul.

Donc pour commencer à me guérir de mon handicap et pour me sortir de ce monde imaginaire – ce qui a marché – je me suis mis à faire un grand travail d’écriture. Dans la foulée, j’ai fait plein d’autres progrès. Je suis sûr que si je n’avais pas écrit mon livre, je n’aurais pas pu faire comme les autres enfants, c’est à dire me séparer de mes  » jeumobiles  » en un jour, ça aurait été trop brutal, je ne pouvais pas, j’étais dans leur monde. Je n’aurais pas pu brutalement sans être prêt et sans me fixer une date. Tout doucement, progressivement j’ai pu sortir de mon ancien monde pour me préparer physiologiquement. Au bout d’un an, j’étais dégoûté de l’histoire que j’écrivais sur les  » jeumobiles « , à la fin ça me faisait peur, alors à cette date pile fixée depuis un an je les ai tous monté au grenier car c’est ceci qui me provoquait des bruits de bouche, et je n’arrêtais pas de parler tout seul à longueur de journée, je faisais parler ces personnages en vulgaire plastique, j’étais dans un autre monde. Maintenant j’en suis guéri à 99,5% sauf en cas de rechute encore quand j’ai des obsessions.

Je me suis donc dit que l’écriture me faisait du bien et à partir du mois de Juin, j’ai attaqué une nouvelle série :  » ma thérapie « , en fait la suite du chapitre souffrances de mon livre. L’écriture continue à me faire énormément de bien.

Très prochainement je vais essayer d’écrire un roman pour me changer de mes écrits thérapeutiques. Ecrire un roman d’aventures car avec tout ce qui ce passe dans le monde, je me déconseille fortement d’écrire un roman de guerre, de Sciences Fiction ou encore catastrophes météorologiques.

Si je publie mon livre c’est pour ressembler à un vrai écrivain, avoir un certain nombre de lecteurs et lectrices. Je rêve d’être reconnu pour la première fois de ma vie dans mes écrits et ce rêve va se réaliser car si les rêves sont en général imaginaires, ce rêve là va devenir réel et vrai et n’aura rien à voir avec mon ancien monde, celui des  » jeumobiles « , ceci se réalisera dans ma vraie vie d’humain, dans le vrai monde des humains et sur la vraie planète terre.  »

Joffrey BOUISSAC

1. Note de l’éditeur : « jeumobiles » petits personnages en plastique, dont nous avons volontairement changé le nom..

 

Extraits…

Chapitre 1 : mon enfance

Dans mon enfance, j’ai eu une opération pour une hernie. Je suis allé à l’hôpital une journée. Avant de partir, comme j’imaginais que j’étais un  » jeumobile « , je m’étais mis dans l’hôpital  » jeumobile  » et le soir je me suis enlevé car je suis resté à l’hôpital de 6h00 du matin à 19h00 le soir. J’y suis resté 13 heures. Je suis allé en salle d’opération avec des personnages verts que j’appelais les grenouilles car ils avaient tous une tenue verte et ça m’avait marqué. C’est là qu’ils m’ont endormi. Ils m’ont demandé de compter jusqu’à 10, j’ai compté 1, 2, 3, 4, 5, 6 et à 7 je dormais. J’ai pris sept secondes à m’endormir. Après l’opération, je me suis réveillé, j’étais en salle de réveil, à côté il y avait une femme charmante qui tapait à l’ordinateur, il était 10 h 05. Après, je suis monté dans la chambre où j’ai vu ma mère qui m’a offert un cadeau : un hélicoptère de la Croix rouge. Elle est revenue entre midi et 14h00 et je dormais. Je suis rentré à la maison le soir à 19h00…. Comme j’ai été marqué par l’hôpital civil et par cette opération, ça m’a donné l’envie d’être pompier plus tard car ils s’occupent aussi de transporter les malades.

Chapitre 2 : mon hôpital

A la maison, j’avais un tableau avec des lettres en plastique et je m’entraînais à écrire mon nom et à apprendre l’alphabet. Sur ce tableau, il y avait des images où il fallait mettre des autocollants de lettres pour trouver les mots. J’ai vite appris l’alphabet et j’ai emmené à l’hôpital un bricolage que ma mère m’avait tiré à l’ordinateur. Ce bricolage, c’était des lettres et des chiffres. Cela s’appelait des Abécédaires. C’était l’époque des abécédaires. Un jour, il manquait une lettre et ce fut le drame, la mère l’a refait le soir à la maison. Un jour où je suis allé me promener à l’Orangerie, ma mère m’a montré des lettres et des chiffres en forme de bonhomme car ils avaient une bouche et des bras. Il y avait des chiffres et des lettres… Les alphabets, çà m’a beaucoup aidé à apprendre à lire mais ce qui n’est pas bien c’est que c’était ma mère ou les éducatrices de l’hôpital qui les bricolaient à ma place (c’est moi qui aurais dû les faire).

Chapitre 3 : mon école  » Les Tilleuls « 

A l’IMP, on avait un poney qui s’appelait  » Schelo  » dans un pré à côté du terrain de football. Je ne l’ai pas connu longtemps car il est mort 13 mois après mon arrivée, la journée du 21 octobre 1992. C’était un mercredi après-midi. Un enfant m’a dit le cheval est mort sur les coups de 13h15 car le matin, avant d’aller à l’école il vivait encore et à la récréation, il dormait. On l’a mis dans un plastique.

Le soir, on est allé revoir le poney pour lui dire encore une fois au revoir… Deux jours après, un camion est venu chercher le poney pour le centre d’incinération. Les 48 enfants sont sortis émus et affolés. Moi, j’étais un peu moins ému car je le connaissais moins. Y a un enfant qui m’a dit  » arrête de rire  » et en plus, je ne riais pas. Après, Schelo est allé rejoindre le père éternel des chevaux. C’était un vendredi après-midi, le 23 octobre 1992 et c’était une belle journée d’automne.

Chapitre 4 : mes souffrances et problèmes

Ce qui me fait souffrir, c’est mon handicap. Car, si je crie quand je suis anxieux, c’est que j’ai de gros problèmes sur le cœur comme en ce moment où j’ai un gros problème très, très intime et secret à dire. C’est comme si c’était un drame mais quand j’en parle en écrivant en ce moment, çà ne me chagrine pas trop. Çà me fait beaucoup de bien de les écrire, car depuis que je fais de la thérapie par écrit, je crie moins et je bégaie moins. Si je continue à écrire ces problèmes et souffrances, je serai bientôt complètement guéri, je suis déjà beaucoup moins nerveux.

28 janvier : j’en ai marre d’être comme je suis

Si j’ai abandonné le piano c’est que le piano me rendait trop triste depuis le mois de juillet car j’ai une copine qui veut vivre au Canada plus tard. Donc, dès que j’entends le piano, je me mets presque à pleurer car je pense à cette personne et en ce moment c’est cela qui m’encombre le cœur. En plus, je souffre de mon handicap, car j’en ai marre d’être handicapé mais c’est pas pour çà que que je ne veux plus avoir de ficelles le jour de mes 18 ans. C’est surtout parce que je me rends compte que çà ne sert à rien d’avoir des ficelles et comme j’en ai marre d’être comme je suis car je souffre trop. Si la personne sait que je suis handicapé, elle me laissera pas passer la frontière du Canada, si je vis avec elle, c’est aussi pour cela que je veux guérir. Je veux aussi guérir pour pouvoir gagner ma vie car le jour où je quitterai mes parents, il faudra que je me débrouille tout seul ou avec une femme. Je veux absolument être pompier, donc je suis très perturbé par mon avenir et pour mon métier…

Premier problème résolu par écrit et raconté dans le chapitre problèmes. Demain, je vous expliquerai pourquoi je fais de la ficelle et pourquoi je crie.

Chapitre 5 : mes rêves pendant mon sommeil

Les rêves sont vraiment imaginaires car je rêve dans le passé ou dans le futur. Comme cette nuit où j’étais entre Sermersheim et le pôle Nord et entre la comédie et le drame, la tendresse et la sensualité. Comme cette nuit où il y avait des filles de 22 ans.

Donc les rêves sont très imaginaires, mais des fois on ne s’en rappelle plus mais on rêve. Si je rêve, c’est bon signe car ça veut dire que je ne suis pas fou, donc je rêve même si je ne me rappelle plus de quoi, j’ai rêvé. Et comme je ne suis pas fou, je rêve toutes les nuits mais quand je m’en rappelle, c’est toujours imaginaire et parfois mes rêves me réveillent au milieu de la nuit car ce sont des cauchemars. Mais c’est rare que je fasse des cauchemars, moi en général, c’est de beaux rêves…

Les gens qui sont dans le coma, je pense qu’ils ne rêvent pas de la même façon. Ils rêvent s’ils n’ont pas le cerveau mort mais ils doivent aussi faire des rêves imaginaires. Nous rêvons tous même si on ne s’en rappelle plus, moi aussi car je ne suis pas du tout fou.

Chapitre 6 : mon avenir

Plus tard, je voudrais faire un voyage si jamais un jour je gagne au loto et si je suis milliardaire, je pourrai me payer un voyage dans l’espace pour aller sur la Lune et Mars. Je voudrais visiter l’univers et les planètes du système solaire en commençant par la planète Mars, voir s’il y a de l’eau pour y vivre ou voir s’il y a un robot qui prend des photos du sol martien. Je voudrais visiter Saturne, Jupiter, Uranus, Neptune, Pluton la plus loin du Soleil, avec des bouteilles d’oxygène et un masque, j’irai aussi sur Mercure et Vénus, là il faut des bouteilles car on ne peut pas respirer.

Mais j’aimerais bien visiter les autres planètes du système solaire car je voudrais faire comme la mission Appolo 13 et aller sur la planète Mars comme Rockie qui a pris des photos il n’y a pas très longtemps. J’aimerais mettre le drapeau français comme l’ont fait les Américains le 21 juillet 1969. Moi, je mettrai un drapeau canadien si j’habite au Canada ou français si je reste en France. Cela fera le premier qui a marché sur Mars, j’aurai un habit spécial d’astronaute avec bouteilles, casque, antenne pour prendre des nouvelles de la terre. Pour y aller, j’irai avec un vaisseau spatial, je découvrirai l’espace et je décollerai de Kourou en Guyane. Je prendrai deux ou trois mois de vacances. Une fois visité l’espace, je redescendrai vers la terre mais quand j’irai sur la planète Mars pour mettre le pied, je ramènerai des cailloux pour avoir un souvenir de la planète rouge…

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