Diagnostic précoce
c) Autisme Montréal
Domaines de déficience
Trois grands domaines de déficience caractérisent l’autisme:
– un développement social déviant;
– des habiletés de communication déviantes;
– des comportements stéréotypés.
Les enfants autistes peuvent présenter ces incapacités à des degrés divers.
L’autisme est difficile à diagnostiquer
Il arrive que des enfants atteints d’autisme ne manifestent aucun symptôme qu’on puisse déceler sur-le-champ au cabinet du médecin.
Certains enfants autistes peuvent avoir un développement moteur normal ou même en avance, alors que d’autres accusent un retard. L’autisme est sans doute beaucoup plus fréquent qu’on ne le pensait jusqu’à maintenant. Une étude épidémiologique récente (Chakrabarti et Fombonne 2001) donne une prévalence de 1,68 cas pour 1000 personnes. En France, cela correspond à plus de 100 000 personnes pour le seul trouble autistique.
On peut confondre l’autisme avec la surdité, certains troubles émotionnels ou du langage, le retard mental ou une simple lenteur dans le développement.
Certains enfants autistes ont un physique des plus séduisants, sans aucune anomalie physique. Chez d’autres, on peut déceler des conditions associées: l’hyperactivité et l’infirmité motrice cérébrale par exemple. Toutefois, l’intervention doit être axée sur l’autisme et ses symptômes connexes afin d’aider l’enfant au maximum.
Les symptômes spécifiques qui se manifestent peuvent varier énormément d’un enfant autiste à un autre. Chez le même enfant, les symptômes peuvent également changer avec le temps.
Les listes d’attente sont souvent longues dans les centres de diagnostic: une référence précoce à ces centres est donc fortement à recommandée.
L’importance d’un diagnostic précoce
Aider l’enfant
Une détection précoce donne l’accès à un diagnostic précoce.
L’autisme exige une intervention précoce
Les enfants qu’on diagnostique tôt peuvent bénéficier d’une intervention précoce.
Ceux qui travaillent auprès des enfants autistes constatent des différences notables entre les enfants soumis tôt à une intervention professionnelle précoce et ceux qui ne le sont pas.
L’intervention précoce peut diminuer les symptômes secondaires, tels que les comportements destructeurs et l’automutilation.
« Maintenant qu’existent des interventions auprès des très jeunes enfants présentant des troubles de développement, il importe, plus qu’auparavant, de faire un dépistage qui permette de parvenir plus rapidement à un diagnostic juste et d’amorcer l’intervention appropriée ».(Siegel, 1987)
Les parents doivent savoir ce qui en est
Grâce à un diagnostic précoce, les parents peuvent comprendre pourquoi l’enfant présente un comportement inhabituel et agir d’autant mieux avec lui.
Un diagnostic précoce permet de raccourcir la période longue et toujours éprouvante d’un diagnostic. Il permet ainsi aux parents de centrer plus rapidement leurs énergies sur les besoins de leur enfant.
Grâce à un diagnostic précoce, les parents risquent moins de voir d’autres personnes nier la gravité de l’état de leur enfant. L’autisme est un trouble sérieux mais qui répond à certaines interventions.
Les parents ont besoin de temps pour planifier l’avenir
Les parents peuvent recevoir du soutien
Les parents ont besoin de temps pour se renseigner tant sur l’autisme même que sur les services d’éducation, de formation professionnelle ou de loisirs disponibles.
Les associations nationales ou constituent des groupes de soutien pour les parents d’enfants autistes ou atteints de troubles envahissants du développement.
L’autisme et les troubles envahissants du développement
Définition des TED
L’autisme est le plus connu des TED, ou troubles envahissants du développement. Le terme générique TED englobe un groupe de troubles qui ont en commun certains traits essentiels, notamment: une diminution qualitative des interactions sociales réciproques, des habiletés de communications verbales et non verbales aussi bien que des comportements stéréotypés et restrictifs.
L’étude citée plus haut fait état d’une prévalence de 6,26 cas de Troubles Envahissants du Développement (TED) pour 1000 personnes, dont 1,68/1000 pour l’autisme et 4,58/1000 pour les autres TED.
L’âge du début de la déficience
Les formes atypiques des troubles envahissants du développement se différencient de l’autisme par l’une des trois façons suivantes:
l) dans l’âge du début de la déficience;
2) dans le nombre des symptômes TED présents;
3) dans les types de symptômes présents.
Généralement, les enfants atteints présentent des troubles de développement avant l’âge de trois ans.
Troubles envahissants du développement désintégratif
Il existe des cas bien documentés d’enfants qui se développent normalement jusqu’à l’âge de trois ans et qui régressent alors dans leurs comportements sociaux, langagier, ou les deux à la fois. Cette régression peut avoir une cause neurologique connue telle que l’épilepsie ou la méningite, ou être associée à un épisode qui rappellerait la grippe. Il n’est pas rare que la régression ne soit associée à aucun facteur précipitant évident.
Les enfants atteints sont souvent passablement handicapés, mais ils arrivent à progresser lentement et peuvent même regagner plusieurs habiletés d’adaptation. C’est ce qu’on entend par troubles envahissants du développement désintégratif.
Moins de symptômes
À l’heure actuelle, les critères DMS-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4ème édition) requièrent la présence d’un certain nombre de caractéristiques observables pour porter un diagnostic d’autisme. Les enfants atteints de TED atypiques en présentent un peu moins, ou leur répartition par domaine est différente. Dans ce groupe, on trouve un plus fort pourcentage de filles, de même qu’une forte proportion de troubles neurologiques divers (par exemple: le Syndrome du X fragile et la Sclérose tubéreuse de Bourneville) que chez les autistes.
Syndrome d’Asperger
Les enfants atteints du syndrome d’Asperger ont habituellement un développement langagier normal et démontrent aussi de bonnes capacités cognitives. Quelquefois le langage peut être légèrement retardé et son utilisation particulière. Ils sont atteints dans leur comportement social, même s’ils sont raisonnablement attachés à leurs parents et aux autres membres de la famille. C’est à l ‘endroit de leurs pairs que se manifeste la qualité trouble de leur interaction sociale réciproque. Ces enfants font preuve d’imagination dans le jeu, bien que celui-ci soit de nature plutôt répétitive et manque de créativité. Ils développent souvent des préoccupations très prononcées et peu communes. Par exemple: un intérêt soutenu pour les insectes, les personnages de science-fiction, les moyens de transport, etc.
À quoi ressemble l’autisme?
Troubles de socialisation
Les compétences de socialisation sont retardées et de caractère inhabituel. Ceci va de l’isolement excessif en passant par la passivité sociale jusqu’aux relations à sens unique, et la demande excessive d’attention, selon notamment le niveau de développement de l’enfant.
Surveillez:
– un manque de réaction dans les relations interpersonnelles;
– une incapacité à développer des attachements normaux; ou
– une faillite de la réciprocité dans les relations sociales.
Troubles de la communication
Le développement langagier est retardé et de nature inhabituelle. Les enfants atteints d’autisme peuvent être mutiques, ne pas parler couramment ou parler de façon étrange. Leurs verbalisations structurellement correctes et pleines de sens n’ont pas toujours valeur de communication.
Surveillez:
– l’incapacité à communiquer, soit par la parole soit par le geste (pointer absent par exemple)
– les anomalies de forme, de contenu du langage et/ou la faillite sociale de la parole, par exemple: langage automatique ou écholalie.
Comportements répétitifs
Le comportement répétitif est anormal dans sa forme, son intensité, sa fréquence et sa persistance. Il s’étend des activités motrices simples, répétées en passant par les rituels compulsifs complexes jusqu’aux poursuites pseudo-académiques élaborées. Le jeu est souvent limité à ces activités répétitives au détriment du jeu symbolique.
Surveillez:
– les activités motrices répétitives impliquant la personne elle-même ou des objets;
– les préoccupations rigides compulsives face aux actes routiniers;
– les poursuites académiques ou artistiques plus élaborées faisant appel à la mémoire machinale et ne nécessitant qu’une compréhension limitée.
Symptômes spécifiques possibles chez les autistes, de la naissance à dix-huit mois
Les bébés atteints d’autisme peuvent manifester des retards du développement ou présenter des troubles dès la naissance. Bien que les trois zones d’incapacité de base se présentent chez tout enfant autiste, les comportements spécifiques manifestés diffèrent d’un enfant à un autre.
Relations sociales
Le bébé autiste peut
– tarder à sourire ou sourire peu;
– éviter le regard d’autrui;
– ne pas tendre les bras, même dans l’anticipation d’être porté;
– refuser d’être réconforté ou être difficile à calmer;
– préférer la solitude;
– repousser l ‘étreinte;
– ne pas manifester d’attachement vis-à-vis de la principale personne qui prend soin de lui.
Communication
Les difficultés à communiquer peuvent consister notamment en
– un manque de communication non-verbale;
– un manque de signe de communication;
– un manque de réaction au langage corporel;
– un refus d’imiter des expressions du visage ou certains gestes, comme montrer du doigt, faire bravo ou au revoir de la main;
– une impassivité face aux tentatives de communication avec l’enfant.
Comportements répétitifs
Voici des exemples chez le bébé:
– la répétition d’actes simples du corps, comme battre des mains ou se balancer;
– la répétition d’actes simples à l’aide d’objets, comme faire tourner les roues d’une voiture jouet;
– une aversion pour tout changement des habitudes courantes ou de l’environnement.
Caractéristiques connexes
Les bébés autistes peuvent en plus
– avoir des réactions visuelles anormales face aux objets, comme fixer un objet ou bien la lumière pendant de longues périodes;
– avoir des problèmes de sommeil ou d’alimentation;
– être hésitants face à l’exploration;
– être hyperactifs ou léthargiques;
– avoir des réactions anormales aux stimuli sensoriels comme les sons, les odeurs, le toucher ou la douleur.
– Etre hypo- ou hypertoniques
Symptômes spécifiques possibles chez les autistes d’un an à quatre ans
Relations sociales
L’enfant autiste peut
– préférer la solitude;
– ne pas chercher le réconfort, même quand il est malade, blessé ou fatigué;
– ne pas savoir imiter ou imiter difficilement;
– éviter le regard d’autrui;
– ne pas être conscient de la présence d’autrui;
– ne pas accueillir les gens ou ne pas agir à son tour dans le jeu ou l’interaction, s’il est plus âgé.
Communication
Les difficultés de communication peuvent se traduire par
– un retard de développement du langage;
– une compréhension amoindrie du langage;
– une absence d’utilisation du langage pour la communication (ainsi l’enfant peut ne pas recourir au langage pour demander quelque chose même lorsqu’il peut parler);
– une absence de gestes appropriés (comme montrer du doigt);
– un usage de premiers mots peu communs;
– une tendance à répéter ce qu’on lui dit;
– une façon inhabituelle de parler (par exemple: voix atone, arythmique, criarde ou chantante, ton anormalement haut, voix très faible).
Comportements répétitifs
Des exemples de comportements répétitifs:
– une manipulation étrange des objets (par exemple: les faire tournoyer ou les aligner);
– des mouvements inhabituels du corps (par exemple: battements rapides ou torsions des mains, cognements de la tête ou contorsions du corps tout entier);
– une préoccupation persistante de certaines parties d’objets;
– un attachement à des objets inhabituels;
– un fort chagrin face au changement d’éléments insignifiants de l’environnement;
– une insistance déraisonnable à poursuivre les actes routiniers strictement et dans le détail.
Caractéristiques connexes
En plus, l’enfant peut avoir
– de la difficulté dans l’apprentissage de la propreté;
– des peurs extrêmes.
– des troubles du sommeil
– des troubles de l’alimentation
Symptômes possibles chez les autistes de quatre ans et plus
À mesure que les autistes vieillissent, la gamme de symptômes dans les trois grandes zones de difficultés peut s’élargir. De plus, les modes de comportement ou de communication des autistes plus âgés peuvent rappeler les symptômes des plus jeunes.
Relations sociales
Les enfants autistes peuvent
– ne pas imiter les autres;
– traiter les autres comme des objets;
– être insuffisamment conscients de l’existence ou des sentiments des autres;
– ne pas jouer avec les autres enfants;
– ne pas avoir de réactions émotives ou en avoir d’inhabituelles;
– ne pas réagir socialement;
– demeurer indifférents ou réagir de façon négative face aux marques physiques d’affection;
– ne pas manifester d’intérêt à se faire des amis ou ne pas savoir comment s’y prendre;
– ne pas comprendre les conventions de l’interaction sociale;
– ne pas amorcer d’interaction ;
– se montrer gauches en société.
Communication
Voici des exemples de difficultés de communication:
– langage expressif absent ou limité;
– retard de développement du langage;
– usage rare ou nul des gestes appropriés;
– usage inapproprié des pronoms, des énoncés, des questions;
– ne pas amorcer la conversation;
– dire des choses étranges;
– tonalité ou rythme inhabituels du langage;
– langage sans signification;
– répétition des remarques des autres;
– fréquentes remarques hors de propos;
– grande difficulté à l’égard du langage abstrait ou du sens figuré.
Comportements répétitifs
Voici des exemples de comportements répétitifs possibles:
– une préoccupation pour un seul sujet d’intérêt ou quelques sujets restreints;
– un besoin excessif de répétivité et de constance;
– un attachement à des objets inhabituels;
– un fort chagrin face au changement d’éléments insignifiants de l’environnement;
– une insistance déraisonnable à poursuivre des actes routiniers strictement et dans le détail;
-faire tourner des bâtonnets, secouer des ficelles, faire claquer des bandes de papier;
– une fascination devant les objets qui tournoient;
– des tâches impliquant l’usage machinal de la mémoire (par exemple: la répétition de listes d’articles ou de faits).
Sans un diagnostic approprié…
…l’enfant autiste peut ne pas avoir le maximum de chances et d’occasions de se développer. Les parents de l’enfant autiste n’auront ni les connaissances ni le soutien voulus pour composer avec le comportement inhabituel de leur enfant